Alors que le soleil déclinait à l'horizon, un homme simple déambulait dans les environs du palais. Entièrement vêtu de noir, il ne se démarquait pas de la foule. Personne ne le remarquait. Et ceux qui posaient les yeux sur lui l'oubliaient quelques minutes après, tant cet homme était quelconque. Il portait une ample tunique noire, solide, pratique, mais permettant une liberté de mouvement totale. Quelques heures auparavant, il était encore dans sa chambre d'auberge. Ce soir était une soirée importante. Un double contrat. Mais cette mission ne serait pas des plus aisée. Il devait s'infiltrer dans le palais même, dans l'aile des ambassadeurs. Une dernière fois il vérifia son équipement. Il avait privilégié quelque chose de léger, mais efficace. Six dagues suintantes d'une neuro-toxine paralysante étaient dissimulées dans ses vêtements. Une petite sarbacane avec une dizaine de fléchettes elles aussi empoisonnées. Un bon garrot enroulé autours du poignet. Des griffes d'acier attachés au bout de chaque phalanges qui avaient un double usage, déchirement de chaire, et escalade de murs. Il avait également emporté deux fioles contenant un produit qui au contact de l'air produisait une fumée opaque et abondante, pour assurer sa retraite en cas de danger. Dans les avant bras de sa tunique, il avait inclus dans la doublure des tiges d'acier. Ce stratagème lui permettait de dévier des coups d'épées avec ses bras pour contre attaquer rapidement.
L'obscurité avait fini par envahir les rues, et il ne restait plus personne dehors. C'était le moment d'agir. Jolinar glissa la main dans sa tunique et en ressortit un masque blanc en porcelaine et le posa sur son visage. Il accéléra son allure jusqu'à courir droit sur les murs d'enceinte du palais, pris appuie sur le mur et sauta le plus haut qu'il pouvait, enfonçant ses griffes dans la pierre, puis entrepris d'escalader rapidement le mur, puis, toujours sans être vu, passa par dessus et sauta directement de l'autre coté, se rattrapant au sol par une roulade. Il regarda où il avait atterrit. Comme prévu, il était à coté de la grange. Il savait qu'en se dirigeant vers le temple directement, il aurait été plus proche de sa cible, mais les Compagnons étaient trop proches de cet endroit, et l'Assassin ne connaissait pas quels pouvoirs pouvaient avoir ces canassons parlants, alors il avait préféré le chemin le plus long. Il resta quelques secondes aux aguets, mais rien ne laissait deviner qu'il avait été repéré. Il reprit donc sa course de plus belle. Il traversa les écuries et escalada le Collegium des Hérauts. Une fois sur le toit il s'immobilisa. Il n'était plus très loin du Palais. Il entendait au loin les rumeurs de conversation d'une patrouille de garde qui s'éloignait en direction de la sellerie.
Son plan était risqué, mais il se glissa dans la cour intérieur du palais, juste à coté de l'armurerie de la garde royale. Profitant de l'obscurité, il se faufila comme une ombre jusqu'à l'angle le plus éloigné de l'armurerie et arriva devant une fenêtre. Bien entendu, elle était fermée. Avec son indexe, il traça un cercle sur la vitre, entamant le verre, et d'un geste rapide, il retira le cercle de verre et ouvrit la fenêtre avant de se glisser rapidement à l'intérieur même du Palais. Cette fois il y était. Plus que quelques couloirs à parcourir et il pourrait exécuter sa mission. Fouillant dans sa mémoire, il visualisa le chemin qu'il devait prendre. Mais il y avait de l'activité dans le Palais, même de nuit. Il devait opter pour la solution difficile pour ne pas se faire repérer. Il escalada alors le mur s'aidant toujours de ses griffes, et finit par s'accrocher au plafond tel une gigantesque araignée. Il arpenta ainsi les couloirs, traversant ainsi les appartements des ambassadeurs, et arriva devant la porte derrière laquelle se trouvait sa cible. Sans un bruit, il dégaina une de ses dagues et ouvrit la porte. Par chance, le vieux était dos à lui.
Cette fois il y était. Il n'avait droit qu'à un seul essaie. Il avança tel un fantôme derrière sa cible, mais plus rapidement qu'un Compagnon au grand galop. En une seconde, le tranchant glacée de sa lame s'était posé sur la gorge de sa victime, mais il ne trancha pas. Il était de cette espèce de prédateur qui aimait jouer avec sa proie. Une race que même les autres assassins évitaient au possible. D'une voix étouffée, passant à travers son masque, il chuchota à l'oreille de l'homme.
« Une seule parole, et je te tranche les cordes vocales... »
Pour souligner ses paroles, la lame s'appuya un peu plus sur la gorge du vieille homme.