Isabeau aimait passer du temps à la bibliothèque, c'était pas une tare, tout de même. Enfin, elle ne passait tout de même à ce point son temps à surveiller Eloïse, la grise qui la remplaçait! Elle n'y pouvait rien, elle ne pouvait pas sentir Eloïse. Il y avait de la duplicité dans cette fille-là! Et ce n'était pas parce qu'un compagnon un peu neuneu, Burt, l'avait élue qu'elle était plus digne de confiance! Cette fille ne lui revenait pas, ça arrivait!
Pis d'abord, là, elle était juste en train de faire son devoir de Rethwellan. Elle s'était même retenue de ranger les livres qui trainaient, c'était dire à quel point elle prenait soin de sa convalescence! Ok, elle essayait peut être un peu de vérifier le registre, voir si Eloïse le tenait comme il fallait. Mais il fallait quand même pas se vexer à ce point, pff...
J'imagine même pas ta réaction si quelqu’un te monitorat comme tu monitores la pauvre élue de Burt...
Oui, bon, je serais un peu fâchée...
Fâchée? Tu serais en train de le liquéfier au sol, certaine de ne rien valoir et que je vais te renier dans la seconde!
Ta gueule, canasson stupide
Un grand éclat de rire lui répondait quand elle vit passer une Enju bien loin de son état normal. La Karsite disparut vers un coin calme entre deux étagères. Oh... Elle, elle avait besoin d'intimité. Isabeau ne savait pas pourquoi, mais elle en avait clairement besoin. Pourquoi n'était-elle pas montée à sa chambre? Hum... pour "monter", peut être. Il y avait des rampes pour aller chez les ambassadeurs? Et par ailleurs, Enju, à la différence d'Isabeau, habitait avec son patron. Ouais. La bibliothèque c'était bien en fait. Mais la salle de restauration des ouvrages serait mieux. Isabeau allait prendre la clé de celle-ci sur le bureau de prêt (sans 2loise pour une fois) (mais où elle glandait celle-là?) quand...
"Isabeau Amalia De Girier! Je peux savoir ce que vous pensez faire?"
Oups. Le retour de la Harpie.
"J'emprunte juste la clé de la restauration Eloïse. J'en ai pour une minute, pas plus, promis!"
"Vous comptez y faire quoi? Je vous rappelles qu'on vous a interdit de travailler ici!"
"C'est juste que... J'ai une amie bouleversée, je veux juste lui permettre de s'isoler. Je vous jure, je ne porte rien!"
Elle allait juste pousser un fauteuil roulant ajouta-elle in petto. Heureusement, Eloïse (accepta de?) se laissa prendre et la laissa s'éloigner avec la clef. Isabeau allât vite déverrouiller la salle puis alla chercher Enju:
"Enju? C'est Isabeau. Je vous emmène dans un endroit tranquille, d'accord?"
Tant bien que mal, et sans attendre de réponse, Isabeau poussa le fauteuil avec sa main droite et sa hanche gauche jusqu'à la petite salle inondée de lumière.
Au départ, c'était une terrasse orientée plein sud, puis un siècle plus tôt, on avait fermé l'espace par une grande verrière. La salle était donc, basiquement, une serre, mais agréablement tempérée par de solides sortilèges Tayledras
Trois tables y étaient installée, l'une supportant tout un matériel de reliure, les deux autres de copie. On retrouvait ici la bonne odeur des livres, parchemin et cuir, mais aussi celle des colles, des solvants et des encres. Un vrai havre de secrétaire.
Isa poussa le fauteuil face à une des tables de copie, poussa une chaise normale devant Enju et s'assis face à la Karsite. Elle sortit son mouchoir et tamponna gentiment les joues de la prêtresse en se faisant la réflexion, certes bizarre qu'elle prêtait vachement son mouchoir, ces derniers temps.