"C'est le cas, et je comprends bien que cela ne vous tente guère. Après tout, c'est de votre âge de vous amuser et d'en profiter le plus possible. Je n'en faisais pas moins, et je ne regrette pas de l'avoir fait ! Enfin, cela dit quand j'arrivais à échapper à la férule de mes précepteurs et professeurs. Je n'ai pas connu l'expérience d'une éducation en commun avec d'autres personnes...Même pour les leçons de danse, de musique ou de diction, nous n'étions jamais plus de deux ou trois. Je pense que je n'aurais pas aimé devoir me pencher sur un parchemin dans une bibliotheque en compagnie d'autres personnes."
La description que faisait Morag des leçons du Collegium laissait à penser que loin d'être un lieu d'etudes à la disposition des jeunes nobles de Valdemar, c'était plutot devenu une répétition de la cour, ou les rejetons des grandes familles reproduisaient les jeux de pouvoir menés par leurs parents. Ennuyeux, et stérile, elle comprenait la demoiselle. Surtout, si sa famille avait gagné sa noblesse à la pointe de l'épée, et restait proche de ses terres la plupart du temps.
"Les cours deviennent ce que les gens en font, peu importe leur fonction premiere...A Petras ? Eh bien, oui, hors des cercles courtois ou sont exaltées les valeurs les plus chevaleresques de ces messieurs, les discussions plus réalistes sont sensiblement les mêmes, que ce soit parmi les femmes à marier ou celles ayant déjà convolé. Ces dernières d'ailleurs, en parlent beaucoup plus, car elles ont à écouter leurs maris, fils, frères, ou amants, et les hommes changent peu, hormis l'emballage"
Mais alors que Morag lui disait qu'elle n'avait revé de Compagnons et d'uniformes blancs que pendant son enfance, justement, un d'entre eux passa près d'elles et les salua. D'ailleurs, son uniforme n'était plus si blanc, et opportunément délacé sur un torse, comment dire...Agréablement musclé et joliment encadré par les pans de la tunique.
Elle sourit avec un brin d'impudence et le dévisagea quelques instants. Il était fort bien fait de sa personne, et comme Morag et elle parlaient justement de distractions...On disait les Hérauts plus frivoles en la matière, et pour sa part, elle n'avait jamais encore accroché d'uniforme blanc à son tableau de chasse. La demoiselle d'Hortness eut la présence d'esprit
de la présenter au Héraut. Elle le salua en inclinant légèrement la tête, faisant tinter ses bijoux.
"Bonjour à vous, messire Héraut. Venez donc vous asseoir un instant, vous m'avez l'air tout à fait....hors d'haleine." le salua-t-elle avec un petit rire et s'écartant de Morag pour qu'il puisse s'installer entre elles deux.