En arrivant à l'entrée de la salle, Farlir regarda un coup à gauche et un coup à droite. Personne. Il serrait toujours la main d'Isabeau et n'avait pas vraiment fait attention aux cris échangés entre les filles. Il regarda néanmoins derrière lui pour juger rapidement de la situation. Isabeau semblait partager sa curiosité et avait l'air prête à le suivre quelque soit sa décision. Il faut dire que Farlir prenait sérieusement les choses en main, et son air décidé faisait clairement passer le message : il devait savoir d'où venait le problème, puisqu'il était clair que la perturbation sonore n'était pas naturelle, ou du moins, peu commune.
Les deux jumelles avaient elles aussi complètement changé d'attitude, ne serait-ce que le poêle décroché par Fleur. Puis, alors qu'elles le prenaient à 4 bras, Farlir esquissa un léger sourire qui ne persista pas à cause de la situation peu comique. Elles aussi regardèrent à gauche et à droite.
Le cerveau de Farlir était en ébullition, il n'y avait personne dans le couloir alors qu'ils étaient loin d'être les seuls habitants du bâtiment. Il n'y avait pas non plus de bruits de course ou quoi que ce soit indiquant que d'autres personnes traversaient les lieux. Mais il devait forcément il y avoir une source à se bruit infernal !
Tout à coup, un garçon d'écurie passa à toute vitesse devant eux. Farlir le suivit du regard, le dévisageant durant le court moment où il traversait son champ de vision. Mais ce ne fut pas réciproque. Les jeunes bleus semblaient être invisibles pour le coureur. Peu de temps après que le garçon soit passé, deux étranges animaux passèrent à leur tour avec la même envie de fuir quelque chose comme si leur vie en dépendait, même si le dernier, un griffoneau si Farlir se référait à ce qu'on lui avait dit de ces créatures, était visiblement moins adroit que le premier animal : une énorme panthère claire de la masse et du volume d'un lion.
Farlir s'entêta dans une détermination sans faille. Il regarda Isabeau puis les autres filles avec une telle intensité qui en disait long sur ses intentions, aussi suicidaires qu'elles fussent. Et le jeune homme en avait clairement conscience. Il désigna très vite la provenance des trois êtres à l'aide de ses yeux et s'engagea dans cette direction. Il allait remonter le couloir au lieu de suivre les trois autres.
Ceci-dit, Farlir espérait vraiment que les filles le suivent, non seulement parce qu'il n'y avait rien de pire que d'être isolé dans une situation qui semblait être dangereuse, mais également parce qu'en tant que nouveau, il n'avait pas encore toute la configuration du palais en tête. Il forçait déjà Isabeau à le suivre par la main qu'il lui tenait, mais les jumelles quand à elles, devraient choisir leur voie. Bien sûr, si Isabeau lui disait quelque chose, Farlir l'écouterait car elle était là depuis plus longtemps que lui, et qu'il tenait non pas sa vie entre ses mains, mais il n'avait pas vraiment l'air de vouloir la lâcher.
Dans l'esprit de Farlir, une double mission se faisait naissante : découvrir l'origine du bruit et protéger ses accompagnatrices, car il était le seul homme du petit groupe. Mais ses deux missions ne seraient-elles pas contradictoires ? Le petit Alfar, toujours accroché dans le dos de Farlir tel un sac à dos, semblait comprendre où voulait en venir son maître, et il protesta vivement par des petits cris aiguës. Mais son maître ne changerait pas son plan pour autant, et le petit Alfar se résignait déjà à le suivre où qu'il aille et quels que soient ses choix...