[flashback] Shin'a'hin au rendez-vous

[Héraut Arthon]

[ Ce qui se passe se situe un an auparavant, un mois environ après l'éjection de Darea des Sentiers Lunaires. La caravane de Kah'tira est arrivée il y a deux jours pour trouver une délégation shin'a'hin peu en forme, démoralisée. Les trois-quart des présents repartiront pour les Plaines dans la décade, pendant que la nouvelle délégation s'installe. Comme tous s'installent et se préoccupent de Darea et de politique, souvent Kah'tira est laissée un peu à l'écart.

Kah'tira tu découvres le Palais et les coutumes, la culture, qui te semblent presque barbares par rapport aux tiennes. En rentrant d'une errance dans le palais, tu tombes sur Ann'dra.

Ann'dra, tu as pu revoir des gens / en rencontrer de la nouvelle délégation, ça t'a fait du bien de parler à des Shin'a'hin ayant des nouvelles fraîches après tout ce temps. Pas encore de problèmes trop magiques à cette époque à par les Compagnons et Darea- ce que tu as vécu. Quand tu rencontre Kah'tira tu sens immédiatement qu'elle a quelque chose de spécial sans pour autant dire si c'est quelqu'un chose de son comportement ou autre.

A vous - j'interviendrai plus tard vous pouvez ne pas m'attendre ]

[Kah'tira]

Voilà deux jours que Kah'tira était arrivée à Haven. Deux jours relativement... Étrange ? Spécial ? C'était difficile à dire, elle avait été émerveillée, choquée, déstabilisée, laissée perplexe... Parmi les choses qui l'avait émerveillée, il y avait évidemment les leshya'e dester'edre, en tant que shin'a'in, elle avait un bon œil pour les chevaux, elle avait, après tout, vécu avec ceux-ci depuis sa naissance, et les leshya'e était tout simplement... sublime. Intelligent comme un homme, mais au physique le plus élégant qu'elle ait jamais vu pour un cheval. Plus intelligent et plus beau physiquement que les bêtes shin'a'ins, Kah'tira ne l'aurait jamais cru si elle ne l'avait pas vu.

Ensuite, les hors-clans, elle n'en avait encore jamais vu autant rassemblés en seul endroit, bien sûr, elle en avait vu à Kata'shin'a'in, mais c'était autre chose, la plupart d'entre eux étaient marchants, ici il y en avait de tous les métiers. Il semblait aussi y avoir différents niveaux sociaux et certains se faisait même servir par les autres ! Étaient-ils handicapés pour qu'ils se fassent servir ainsi ? Ou simplement incapables ? Pourtant, ils n'avaient l'air d'être ni l'un, ni l'autre. Voilà qui l'avait laissée perplexe. Aussi dans un espace aussi restreint qu'était Haven – parce que la capital de Valdemar ne représentait qu'une fraction du territoire des Plaines Dhorisha – il y avait TANT de personnes. Les terrains des Collegiums et du Palais étaient quand même correct, mais en dehors de ces murs qui les entouraient... La jeune shin'a'in se souvenait de la première partie de la ville quand la délégation avait franchie les portes de la ville, elle s'était presque sentie étouffée dans tout ce brouhaha et ses gens rapprochés.

Depuis son arrivée, Kah'tira allait sans cesse de découverte en découverte, ce qui n'était pas pour lui déplaire, mais dans cette contrée étrange... Il semblait que derrière chacune des choses qu'elle découvrait, il y avait de la magie pas trop loin. Bien que Valdemar semble moins baigné dans la magie que les Tale'edras, son histoire en était teintée. Pour la jeune shin'a'in qui avait toujours vécu avec la mentalité que la magie devait être évitée, c'était un contraste plutôt choquant. La seule magie qu'elle ait jamais vu à l'œuvre était celle du chaman, de la guérisseuse du clan et de la Déesse. Les choses étaient si différentes ici... Sans parler des évènements qui avaient secoué la délégation déjà en place. Kah'tira avait appris ce qui c'était passé, mais personne ne lui avait vraiment donné de détails. Darea Tale'sedrin, chamane et ambassadrice à Haven, avait été bannie des Sentiers Lunaires. Comment était-ce seulement possible ? Qu'avait-elle pu faire pour en être bannie ? Cela avait drôlement affecté la jeune shin'a'in...

Avec l'arrivée et la mise en place de la nouvelle délégation chacun avait ses tâches à faire.  Kah'tira, qui était là pour apprendre la tâche d'ambassadeur, était plutôt délaissée. Bien sûr, elle comprenait pourquoi avec tous ces évènements précipités, mais cela ne l'empêchait pas de désirer que quelqu'un lui donne une tâche à faire, n'importe quoi, pour qu'elle s'occupe. Bien sûr, elle pouvait découvrir les lieux à sa guise, par contre elle avait un léger problème... La barrière des langues. Le valdemarien qu'elle avait appris en chemin était plutôt... en fait, très rudimentaire et elle n'arrivait que très rarement à - peut-être - distinguer un mot qu'elle avait appris dans les phrases des gens autour d'elle. Alors où était l'amusement à découvrir un lieu inconnu où la langue était également inconnu ? Bon, au moins elle pouvait observer et essayer de se retrouver dans le dédale qui l'entourait.

Aujourd'hui, elle s'était dirigée vers le palais, une véritable fourmilière à l'échelle humaine. Les multiples couloirs, salles et étages étaient digne du labyrinthe que formait une fourmilière et les gens qui s'y promenaient pouvaient représenter sans trop de problème les fourmis. Tous à son travail, marchaient, se déplaçaient d'un endroit à l'autre en parfaite connaissance des lieux, presque par instinct. Comme les fourmis. Kah'tira se sentait comme l'insecte étranger prise au piège des dédales du château. Une chance qu'elle avait un bon sens de l'orientation et cela même à l'intérieur, sinon, elle ne doutait pas qu'elle se serait perdue et demander son chemin par la suite n'était pas vraiment aisé quand les deux interlocuteurs ne parlaient pas la même langue. Enfin...

Elle n'avait pas reçu de tâches à effectuer depuis la matinée, à part celles habituelles que la shin'a'in effectuait automatiquement le matin en se réveillant. Elle aurait bien voulu donner un coup de main, mais tout le monde était occupé et elle n'avait pas osé déranger les autres, alors elle avait succombé à sa curiosité et partie explorer les lieux, seule. Bonne et mauvaise idée... Ne pouvant pas vraiment communiquer en valdemarien, elle ne pouvait pas poser de questions ou demander des directions, alors elle ne pouvait se fier qu'à elle-même. Le château était plutôt impressionnant, gigantesque de l'extérieur et l'intérieur confirmait sa grandeur et sa complexité. Des œuvres d'art, probablement très dispendieuses et de proportions aussi incroyable que le palais, ornaient les murs des couloirs, des meubles tout aussi coûteux... Ouf ! Que pouvait-ils bien faire d'autant de matériel et à quoi cela servait de les acheter aussi cher ? Une table était une table et sa fonction ne changeait pas malgré toutes les décorations qu'elle pouvait avoir. Kah'tira ne pouvait simplement pas comprendre comment pouvait bien vivre ses gens... Bien sûr, elle était arrivée la journée précédente donc elle avait encore beaucoup à apprendre et découvrir, mais tout ce qu'elle voyait jusqu'à maintenant la déstabilisait. Pourrait-elle s'y habituer ? Elle verrait bien.

Pour l'instant sa curiosité semblait presque satisfaite, elle découvrait constamment des nouveautés depuis son départ des Plaines et avait pu poser des questions en chemin, mais maintenant... Elle découvrait, mais ne pouvait pas poser les mille et une questions qui lui trottait dans l'esprit. C'était plutôt frustrant. Enfin... Tout vient à point à qui sait attendre. Après son exploration du Palais, Kah'tira décida qu'il était temps de retourner aux quartiers des Ambassadeurs.

*Hmmm... L'aile des Amba... sé? su? sa? Amba-quelque chose en valdemarien.*

En rentrant, la jeune fille prit une porte différente que celle qu'elle avait prise pour venir, celle-ci donnait sur des jardins qu'elle voulait voir de plus près. Elle trouva curieux comment ils étaient entretenus, ils devaient vraiment avoir du temps à perdre pour s'occuper de jardins... Bon, il faut dire que dans les Plaines, le peuple nomade n'avait pas vraiment la chance de cultiver ou s'occuper des plantes puisqu'il changeait sans cesse d'endroit. Par contre, bien qu'elle aime l'état sauvage des Plaines, elle devait avouer que le jardin était plutôt joli. Suite à cela, elle se repéra selon les bâtiments qui l'entouraient et se dirigea vers son nouveau domicile. Peut-être pourrait-elle aider à une tâche quelconque ? Sinon elle irait voir Lelaram, sa jument, si elle ne pouvait parler à personne, elle pourrait au moins parler avec sa jel'sutho'edrin, ce n'était pas la même chose que de parler avec un autre humain, mais toujours mieux que rien.

En chemin, elle croisa un Kal'enedral, il était évidemment ici depuis un certain temps puisque aucun Promis à la Déesse n'avait suivit la caravane depuis les Plaines. Kah'tira l'avait remarqué la journée précédente, mais n'avait pas osé l'approcher, le dernier Kal'enedral du clan Vuysher'edras remontait au temps de son grand-père, alors elle n'avait encore jamais eu la chance de parler avec un, seulement en voir à Kata'shin'a'in. La jeune shin'a'in se sentait un peu intimidée par ses personnes vouées corps et âme à Celle aux yeux étoilés, à côté d'eux, elle avait l'impression que sa foi n'était que petite parure, bien qu'elle soit ancrée au plus profond d'elle-même. Elle le salua tout de même amicalement d'un signe de tête et lui envoya la main.

[Ann'dra Kal'enedral]

[justify:ndn4pqak]Ann’dra se sentait toujours très chamboulé par sa récente rencontre avec l’Avatar de la Déesse et loin de s’être remis d ‘avoir dû rompre le vysaka de Darea qu’il considérait comme une amie proche, ce qu’elle ne serait probablement plus avant un long, très long moment dans la mesure où elle arrivait à survivre sans ce lien.

Nombre de shin’a’in présents à Haven étaient repartis avec la caravane qui était arrivée récemment et le moral du kal’enedral en avait bien entendu prit un coup malgré le fait d’avoir pu échanger avec des gens de son clan, Liha’irden. Il avait ainsi pu apprendre que Kerth’athan, l’éleveur de Sang de Feu qui avait retrouvé Erya, l’épouse du futur promis qu’il était alors, était à son tour parti rejoindre kal’enel sur les Chemins de Lune. Ann’dra appréciait cet homme et lui devait beaucoup depuis la nuit de son serment et cette peine ne fit que se rajouter à celle qu’il ressentait déjà pour l’ancienne chamane.

Enfin, au moins, d’être entouré de ses pairs shin’a’in de tous clans l’avait tout de même quelque peu rasséréné et avait pour un temps vaincu le mal du pays qui le tenaillait depuis plusieurs lunes. C’est donc le cœur empli d’une grande ambivalence qu’il rejoignait l’aile des ambassadeurs courbé sans s’en rendre réellement compte sur le dos de sa monture qui semblait elle-même d’une tristesse à pleurer, communiant avec l’humeur de son cavalier, elle allait au petit trop raclant le sol de ses sabots ferrés à chaque avancée. L’on aurait pu penser que la jument peinait à marcher, mais bien entendu, une jument de bataille en pleine forme comme elle l’était ne pouvait agir de cette façon que par lassitude plus que par fatigue. Peut-être les odeurs qu’avait amené la caravane shin’a’in avait elles éveillé en elle des souvenirs de plaines immenses au milieu de troupeaux galopants dans le vent à la lumière argentée de l’astre lunaire sous le regard de Kal’enel.

S’il s’était laissé aller, le shin’a’in aurait probablement versé quelques larmes. Il se sentait bien pleurnicheur depuis quelques temps mais il restait un être humain, bien que promis à l’épée, il n’en avait pas perdu ses sentiments. Ann’dra avait hâte de voir si son amie se remettait d’avoir perdu ce lien si précieux et surtout, si ses craintes étaient vérifiées. Depuis qu’il avait tranché le vysaka de Darea avec l’épée qui lui avait été « donnée », il craignait avec force que son amie ne puisse jamais lui pardonner. Bien sûr, elle devait être parfaitement consciente que l’homme lui avait sauvé la vie, mais il l’avait aussi privée - probablement à jamais - de la présence réconfortante de la Dame Aux Yeux Étoilés.  

Laissant Sang de Feu à l’entrée des jardins, il lui intima de rentrer par elle-même dans sa stalle dont elle connaissait le chemin. Il retournerait dans sa chambre sur ses deux pieds et peut-être en serait-il mieux ainsi, le vent pourrait nettoyer ses pensées et l’éclat de la lune ne saurait que le réconforter si besoin était. La présence de sa monture, bien qu’agréable pour l’un comme pour l’autre pouvait parfois être sinon dérangeante, au moins gênante car elle empêchait le silence parfois salutaire de s’imposer à l’esprit du kal’enedral.

Les senteurs des jardins parvenaient à ses narines, les épurant des relents des Plaines de Dhorisha qui l’avaient pénétré quand ses frères et sœurs étaient arrivés dans la ville. Le kal’enedral avait appris à apprécier ces fleurs si différentes de celles des Plaines et la vue de ces jardins travaillés et ornementés, même s’il s’agissait là d’une perte de temps et d’énergie qui n’était destiné qu’au plaisir des sens.

Mais il était temps de se priver de ces petits plaisirs qui avaient détourné ses pensées l’espace d’un instant. Ann’dra était rentré dans le bâtiment dédié aux ambassadeurs pour voir devant lui, à quelques mètres de là, une jeune fille semblait-il d’une quinzaine d’années, jeune adolescente au teint doré.

*Teint doré ?*

Ann’dra retint un sursaut, se rapprochant plus de la damoiselle, il parvint à percevoir les yeux d’un bleu intense recouvert de cheveux aussi sombres que ceux des shin’a’in de pure race. Son apparence ne laissait aucun doute quant à son appartenance au peuple des plaines. Une shin’a’in qu’il ne connaissait pas ? A Haven ? Voilà qui était surprenant…. Bien que, à bien y réfléchir, pas tant que cela. Cette jeune fille avait dû faire partie de la caravane repartie plus tôt.

Bien entendu, revoir ainsi un faciès si typé  sous des traits si fins ravivait en la mémoire d’Ann’dra des souvenirs qui ne se perdraient jamais, ancrés définitivement dans son esprit et dans son cœur car celui-ci était transpercé et déchiré de toutes parts à chaque intervention de ces images du passé. Souvenirs intenses et le plus souvent heureux de sa vie  avec Erya. Ils s’étaient rencontrés à maintes reprises sans jamais s’adresser la parole lors de rencontre de leurs clans respectifs, ils étaient alors si jeunes. L’enfance se muant peu à peu en adolescence, les regards qu’ils se lançaient toujours, par curiosité mêlée de respect, une forme de crainte inspirée par les adultes, devinrent de plus en plus hardis et bientôt, des sourires se dessinèrent sous les yeux qui se firent amusés. Leur amour naissait.

Il suffit alors d’une parole, un simple mot et il aurait put suffire d’un geste pour qu’elle capture à jamais le jeune homme sauvage qu’il était. Dans sa pensée, elle aurait pu dompter le plus terrible et le plus retors des chevaux sauvages d’une simple caresse et si la tendresse n’avait pas suffit, elle aurait pu le mettre à terre en le transperçant de paroles aussi tranchantes et acérées que la plus mortelle des armes. Peut-être la ressemblance que sa femme avait avec la Déesse aux yeux du jeune shin’a’in qu’il était avait-il influencé l’amour qu’il portait à ces deux êtres d’exception. Il ne croyait de toute façon jamais aux coïncidences. S’il était devenu un Promis, c’est que tel était son destin et il ne le regrettait en rien.

Levant ses yeux, frères de ceux de la jeune fille par leur couleur, il vit qu’elle aussi l’avait remarqué mais semblait quelque peu réservée bien qu’elle ne manqua pas de le saluer. L’homme était intrigué. Non par la présence d’une Sœur de clan en ces lieux mais par quelque chose de plus….

*Comment définir ça ? Spirituel ? Non, ce n’est pas vraiment ça…. Insaisissable ! Quelque chose que je n’arrive pas à déterminer mais quelque chose de présent*

N’eut été cette étrange sensation, peut-être ne se serait-il pas arrêté. Bah ! A qui voulait-il faire croire cela ? Bien entendu qu’il se serait arrêté quand bien même elle ne l’aurait même pas salué, pour la simple raison qu’ils étaient deux shin’a’in en terre étrangère et peut-être aussi à cause de sa mémoire qui persistait à faire ressurgir en lui des souvenirs de joie commués en peine par l’action d’un mage qui devait mourir par sa main !

Ainsi le kal’enedral résolut-il d’aller saluer plus avant cette rencontre inattendue mais bienheureuse pour son cœur fatigué et son esprit revêche. Peut-être pourrait-elle apaiser ses tourments d’une parole comme son aimée l’aurait pu, comme il voulait tant qu’elle le puisse encore.

« N’ae Ann’dra « shena » liha’irden ven kal’enedral. »

Cette présentation était des plus formelles et pour une fois, il parlait en shin’a’in d’origine. Si cette damoiselle venait d’arriver, peut-être ne connaissait-elle pas encore le valdemarien. Il continua dans leur langue maternelle.

« Mais je suppose que tu dois t’en douter. » ajouta-t-il en riant à demi.[/justify:ndn4pqak]

[Kah'tira]

Kah'tira se sentit encore un peu plus intimidée lorsqu'elle remarqua que le Kal'enedral la fixait un peu plus longtemps que simplement pour lui rendre son salut. Avait-elle quelque chose de collé sur la visage qu'elle n'avait pas remarqué plus tôt ? L'idée qu'un Kal'enedral veuille faire sa connaissance lui semblait insolite, après tout, elle n'avait rien de vraiment exceptionnel... Bien sûr, elle ne pouvait pas encore s'imaginer comment deux visages shin'a'in inconnus sur une terre étrangère comme Valdemar était une vue inhabituelle. Malgré son léger malaise face au Promis, la jeune shin'a'in restait souriante, il était quand même un frère de clan et un enfant de la Déesse.

Lorsqu'il s'approcha et s'adressa finalement à elle, Kah'tira sentit son coeur battre légèrement plus vite, elle n'était pas nerveuse ou tendue, mais c'était pour elle un certain honneur qu'un Kal'enedral s'adresse à elle directement. À cause de leur lien avec Kal'enel, depuis son enfance, la shin'a'in les avait en quelque sorte élevés sur un piédestal. Ce n'était pas une décision légère que de devenir un Promis à l'épée et elle se faisait généralement dans des conditions plutôt extrêmes pour un résultat équivalent aux sacrifices que leur serment obligeait. Le Kal'enedral se présenta de manière plutôt formelle, mais Kah'tira n'y prêta pas vraiment attention, c'était normal selon elle, mais lorsque qu'il prit un ton plus familier, elle fut légèrement prise au dépourvue malgré elle. Elle devait bien avouée qu'elle ne savait pas vraiment comment agissait un Promis et donc comment savoir à quoi s'attendre? Enfin, elle devait lui répondre!

« N'eiaa », le son sortit plutôt mal ce qui provoqua la naissance de très légères teintes rosée sur ses joues avant qu'elle ne se racle la gorge pour reprendre à zéro. « N'ae Kah'tira shena Vuysher'edras. »

C'était à son tour d'émettre un petit rire, pas grand chose, en partie pour évacuer la tension qui s'était amassée lorsqu'elle avait bafouillé, en partie de joie d'enfin entendre sa langue maternelle et adressé directement à elle. Elle ne s'en était pas vraiment rendue compte mais arpenter les lieux et seulement entendre des mots étrangers l'avait déstabilisée. Entendre de nouveau des syllabes si familières lui faisait du bien, surtout que, pour l'une des rares fois depuis son arrivée, elle n'était pas ignorée.

Les présentations étaient faites, mais ça ne dissipait pas les sentiments de Kah'tira fasse à Ann'dra. Elle mordilla un moment sa lèvre inférieur, cherchant autre chose à dire. L'admiration qu'elle vouait depuis son enfance aux Kal'enedral bloquait quelque peu ses pensées maintenant que l'un d'eux se trouvait devant elle. Elle se frappa mentalement pour tenter de débloquer le tout.

*Sheka! Aller dit quelque chose idiote!*

« Je dois avouer que c'est plutôt voyant. » finit-elle par répondre, souriante.

Les vêtements d'Ann'dra contrastaient, en effet, beaucoup avec ceux de Kah'tira. Alors que celui-ci était tout vêtu de noir, elle portait un haut vert clair ajusté, brodé avec différents fils de couleur assortie en forme de fleurs des Plaines, et un pantalon bigarré qui s'agençait élégamment avec son haut.

« Je vois que vous portez du noir... » commença-t-elle avant de s'arrêter.

Cette couleur signifiait qu'il était dans une quête personnelle et ce n'était pas de ses affaires, mais elle n'avait pu retenir les premiers mots de la question, très personnelle, qui avait failli sortir si la petite fouine ne s'était pas arrêté. Autant changer de sujet. Quelque chose de moins risqué et sur lequel elle avait tout autant de questions qui la démangeaient et qui se bousculaient dans sa tête. Sa curiosité s'apprêtait à faire une nouvelle victime et que la Déesse le garde de ne pas virer fou à la fin de l'interrogatoire, s'il trouvait un moyen de l'arrêter. Une petite lueur pétillait au fond des yeux bleus électriques comme à chaque fois qu'elle s'apprêtait à satisfaire sa curiosité insatiable.

« Hum... J'ai fait un peu d'exploration des lieux ce matin » dit-elle d'abord lentement avant d'accélérer le rythme progressivement. « Je dois dire que cet endroit est aussi fascinant qu'il est étrange. C'est si différent des Dhorisha Shin'a! Ces gens vivent dans des structures tellement gigantesques, mais pourtant ça ne semble pas être le cas de tous. Pourquoi? Les gens dans la première partie de la ville n'avait pas d'aussi grandes maisons et plusieurs semblaient abriter aussi l'endroit où il travaillait. Ils n'ont pas d'endroit spécifique? Comme Kata'shin'a'in? Et pourquoi certains se font servir par d'autres? Ne sont-ils pas capable de faire des tâches simples par eux-même? Les valdemariens utilisent beaucoup la magie, n'est-ce pas imprudent? Et si elle disparaissait de nouveau comme il y a un siècle? Que ferait-il alors? J'ai entendu dire que les Tale'edras avait eu beaucoup de difficultés quand ce cataclysme s'est produit! Le champ des leshya'e dester'edre est séparé des enclos des chevaux normaux, n'est-ce pas? Est ce que vous connaissez certains de ses fameux hérauts? Sont-ils aussi impressionnant que dans les histoires avec leur leshya'e dester'edre? Y a-t-il vraiment une place où ils enseignent la magie? »

La jeune curieuse dût finalement freiner son élan, faute de souffle. Probablement au grand bonheur de son interlocuteur. Pendant un moment, Kah'tira parut prête à repartir sur une nouvelle lancée, mais s'en empêcha. Si elle voulait des réponses, elle devait le laissé répondre. Tout son malaise précédent avait semblé fondre face à sa curiosité, comme à chaque fois que cela la prenait, la shin'a'in avait oublié en face de qui elle se tenait et avait simplement déblatérer ses questions à une vitesse croissante fulgurante. Cette petite lumière pétillante continuait à briller de mille feux au fond de ses prunelles et dans tout ce qu'elle venait de dire, elle avait oublié de verbaliser la raison de sa présence à Haven, ce qui aurait pu être une bonne idée. Après tout, le Kal'enedral l'avait probablement abordé par curiosité de voir une nouvelle arrivante des Plaines et dire la raison de sa présence ici aurait probablement été simple politesse, mais la curiosité avait pris le dessus.

[Ann'dra Kal'enedral]

[justify:1w0oek69]La jeune femme semblait ne pas trop savoir sur quel pied danser face au kal’enedral, mais loin de vexer celui-ci, il trouvait au contraire ce comportement assez amusant, bien qu’il y soit habitué en quelques sortes. La plupart des gens, quels que soient leurs statuts ignoraient comment agir face à lui si ce n’était en le respectant, parfois par crainte, parfois par admiration, son propre statut avait cet avantage qui n’était pas des moindres. Enfin, quand la personne en face de lui savait ce qu’était un kal’enedral bien sûr.

Ann’dra fit savoir à Kah’tira qu’il était enchanté de la connaître une fois que celle-ci se fut présentée de façon aussi formelle que lui-même et partit d’un rire franc - une fois n’était pas coutume -  à l’affirmation de la jeune femme.

« Oui, je dois bien reconnaître qu’il est difficile de ne pas me remarquer, du moins en plein jour. »

De toute évidence, la nuit, à moins d’un bon éclairage ou d’un éclat de lune prodigué par la Déesse, il pouvait facilement passer inaperçu. La couleur de sa tenue était une explication en soi et la jeune shin’a’in savait bien entendu ce que cela signifiait aussi préféra-t-il ne pas en rajouter sur ce fait, bien qu’elle en ait fait la remarque et se soit arrêtée en chemin, Kal’enel en soit louée !

Kah’tira attaqua par la suite le kal’enedral par une rafale de questions et le guerrier qu’il était se sentit pris au dépourvu l’espace d’un instant. Fallait-il que son interlocutrice soit shin’a’in pour le prendre ainsi en défaut ? Enfin, si elle voulait des réponses, il n’avait aucune raison de ne pas les lui fournir.

« Les hors-clans vivent de façon très différente, c’est vrai, en fait, tout dépend de leurs moyens financiers ou de leur position sociale. Plus ils disposent de moyens plus leur habitation est grande et bien sûr, les nobles ont souvent les plus belles demeures. Ceux qui ont peu de moyens ou qui font un travail qui le nécessite vivent au même endroit que leur travail.

Les plus riches s’achètent aussi les services des moins riches pour ne pas faire les choses eux-mêmes, ce n’est que de la fainéantise mais aussi des principes qu’on appelle « l’étiquette » même si je ne sais pas exactement ce que c’est, je n’ai pas eu envie de la savoir. »

La question de la magie était plus épineuse. Les shin’a’in la voyait généralement d’un mauvais œil et Ann’dra jusqu’à récemment haïssait tous les mages sans exception même s’il avait fini par ouvrir les yeux.

« La magie a son utilité dans ces contrées, pour se défendre par exemple, mais ils sont restés longtemps sans magie de ce que j’en sais, et sont donc capable de faire les choses sans elle. Et puis, les hérauts disposent toujours de leurs « dons » si besoin est. Les leshya'e dester'edre sont bien évidemment séparés des chevaux ! Après tout, ils sont aussi intelligents que toi et moi-même si je n‘en connaît pas réellement. Et enfin, il y a effectivement un lieu pour apprendre la magie, le collégium des mages. J’espère n’avoir rien oublié ! »

Répondre avec calme et méthode pour parvenir à n’oublier aucune question n’était pas tâche aisée, mais il pensait avoir réussi ce « test d’aptitude».

« A mon tour maintenant ! Que viens-tu faire à Haven ? Pourquoi tu n’es pas restée dans ton clan ? Les plaines ne te manquent pas trop ?  Connais-tu des gens du mien ? »

Un sourire franc accompagnait cette minuscule contre-attaque qui n’avait en fait pour but que de mettre la jeune femme plus à l’aise tout en permettant au kal’enedral de tenter de saisir ce qu’il ressentait chez son interlocutrice, cette « chose » qu’il ne parvenait pas à saisir.[/justify:1w0oek69]

[Kah'tira]

Kah'tira but littéralement les paroles du Kal'enedral. Son regard bleu pétillant fixé sur son interlocuteur, au fur et à mesure qu'il répondait aux questions de la jeune shin'a'in, de nouvelles surgissaient dans son esprit. Elle voulait littéralement tout savoir sur ce nouvel endroit si étrange. Ann'dra répondait sans se presser, calmement. Probablement tentait-il de lui répondre au mieux de ses capacités à sa rafale de questions. Certaines réponses pouvaient porter à réflexion plus approfondie, la jeune fille en pris note mentalement.

Elle fut sur le point de commencer un nouvel assaut lorsque le Kal'enedral prit l'initiative. Apparemment c'était à son tour de poser des questions, ce qui ne dérangeait nullement Kah'tira. Elle prit un moment pour réfléchir à sa réponse. La raison pourquoi elle était à Haven était plutôt facile à dire, mais pourquoi avait-elle quitté son clan? La plupart des shin'a'ins rêvaient simplement d'une vie calme, sans trop de rebondissement dans laquelle il pouvait bien servir leur clan et la Déesse.

« Le conseil de mon clan espère que je puisse devenir ambassadrice, ou du moins représentante de mon clan... mais c'est moi qui voulait venir à la base. Je... » Elle marqua une pause pour trouver les mots qui exprimaient le mieux son désir. « J'ai toujours aimé découvrir les choses autour de moi et je crois que j'ai toujours voulu voir plus que simplement les Plaines. Du moins, depuis ma première fois à Kata'shin'a'in, je sais que je voulais voir plus. Quand l'occasion de venir ici c'est présenté, j'ai un peu sauté dessus et les anciens ont pensé à m'assigner cette tâche. Sur le coup, mes parents n'étaient pas très heureux, mais ils ont finalement lâché prise quand le conseil est intervenu, et me voilà! »

Son ton était enjoué et un sourire restait accroché à ses lèvres, la jeune vuysher'edras était loin d'être malheureuse de son sort et cela paraissait. Par contre parler ainsi de son départ lui faisait un peu drôle, cela faisait quatre mois maintenant qu'elle était partie et elle n'y avait pas encore vraiment pensé, jusqu'à maintenant. En fait c'était plutôt époustouflant, tout ce chemin fait depuis. Et elle devait l'avouer...

« Je dois dire que les Plaines me manquent un peu, ainsi que mon clan... Il s'est passé tellement de chose que je n'y avais pas vraiment pensé depuis mon départ. J'ai découvert et appris tellement de chose, seule la Déesse aurait pu voir tout ça d'avance. »

Ses paroles étaient peut-être légèrement imprégnées de nostalgie, mais sa voix laissait entendre sa joie d'être présente à Haven, malgré tout elle demeurait heureuse de sa situation. Pour le moment, bien qu'elle soit un peu délaissée par tous les autres shin'a'ins présent à Haven, elle n'y changerait rien, sauf si Celle aux yeux étoilés le lui demandait et, même là, elle le ferait probablement, mais à contre-cœur.

« Liha'irden... Vos territoires sont plutôt éloignés des nôtres, alors je ne peux pas dire que j'en connais vraiment, j'en ai rencontré quelques uns que mon père connaissait dans nos passages annuels à Kata'shin'a'in, pour la foire. Par contre j'ai rencontré ceux qui sont venus des Plaines avec la délégation et je m'entend plutôt bien avec Verna. Nous nous sommes beaucoup parlé durant le voyage. »

La jeune fille commença inconsciemment à se balancer d'un pied à l'autre. Un vieux tic qu'elle faisait dès qu'elle restait immobile ne serait-ce que pour un peu de temps. Kah'tira commençait à se détendre en présence du Kal'enedral, le pourquoi elle se laissait aller et ses manies se montraient.. En fait, elle le trouvait un peu amusant, c'était rare que des gens lui pose des questions, en autre parce que la curieuse ne laissait que rarement l'occasion aux autres de le faire, mais ce dernier n'avait pas hésité à prendre sa chance quand il en avait eu l'occasion.

« Même si les Plaines me manque un peu... » commença-t-elle en revenant un peu en arrière. « Je dois avouer que je suis contente d'être ici, mais... Je ne sais pas trop qu'est ce que je dois faire présentement. On m'a appris un peu le valdemarien en chemin, mais... disons je ne suis vraiment pas douée? » Son sourire s'agrandit et elle ria un peu à sa propre remarque. « J'ai un peu découvert les lieux ce matin, mais il y a tellement d'endroits et de recoins que... je risque de prendre pas mal de temps pour m'y retrouver. Aussi, je n'arrive pas à différencier les différents rangs entre les personnes... Ils semblent tous avoir le même rang pour moi, je sais que les hérauts sont en blanc, mais c'est à peu près tout. On m'a aussi mise en garde qu'ici il y avait un code de politesse que je devrais apprendre pour ne pas offenser les haut placés... »

La jeune vuysher'edras amena une main derrière sa tête et lui sourit à pleine dents. Elle se sentait un peu ridicule de lui dire tout ça. Il devait avoir bien autre chose à faire que de l'écouter parler, mais elle n'avait pu le retenir. La pensée lui traversa l'esprit que si elle était pour devenir ambassadrice, il faudrait qu'elle contrôle cette tendance à simplement tout dire... ou demander. Kah'tira continua à se balancer d'un pied à l'autre, son corps ne pouvait tout simplement pas tolérer de rester debout ainsi en plein milieu d'un espace ouvert à ne rien faire. Cette manie avait l'habitude de faire virer sa mère folle et elle lui disait d'arrêter et malgré tout les efforts de cette dernière, elle n'était jamais parvenue à détruire cette manie chez sa fille, qui semblait ne jamais s'en rendre compte.

« Désolé de vous dire tout ça, vous devez avoir d'autres occupations... » reprit-elle en riant toujours avec un sourire devenu cette fois-ci un peu tendu et ridicule en quelque sorte. « Par contre depuis que je suis arrivée hum... disons que tout le monde est plutôt occupé et n'ont pas vraiment de temps à m'accorder. Je comprends parfaitement et ça ne me dérange pas. J'imagine que je devrais aller me présenter à Darea et lui faire part de la raison de ma présence ici, mais avec les... heu... évènements récents? »

Y avait-il un autre moyen de parler de ses évènements? Tout le monde semblait plutôt mal à l'aise avec ce qui c'était passé en parlait toujours par des mots détournés. Kah'tira n'y échappait pas et si elle se sentait mal à l'aise face aux Kal'enedrals et tout ce qu'ils représentaient, elle était carrément désemparée face à la situation de la chamane – ou plutôt ancienne chamane? - ambassadrice. En plus, elle ignorait tous les détails concernant la situation, alors comment pouvait-elle aller à sa rencontre? Bien sûr, la future apprentie ambassadrice désirait poser des questions pour avoir tous les renseignements concernant les évènements qui avait coûté le vysaka de Darea, mais l'ambiance générale dès que le sujet se présentait avait même réussi à freiner les questions qui lui brûlaient sans cesse plus intensément les lèvres. Kah'tira laissa aller un soupir, mais garda quand même le sourire, peut-être un peu triste, mais présent.

« Je ne sais pas comment agir face à Darea. Le pire c'est que j'ignore presque tout de sa situation et je n'arrive même pas à m'imaginer à sa place... Donc je suis un peu laissée à moi-même. »

Le regard bleu électrique de Kah'tira se posa dans les yeux tout aussi bleu d'Ann'dra. Il ne pétillait plus comme avant, mais il semblait avoir laissé place à une légère lueur d'espoir. Peut-être le Kal'enedral pourrait l'aider à remédier à la situation d'un façon ou d'une autre? Ou peut-être ne serait-ce qu'à une partie, simplement l'occuper à une tâche ou autre serait suffisant. La jeune shin'a'in sourit et secoua la tête comme pour nier l'idée, l'espoir, qui lui était venu. Ann'dra devait avoir bien d'autres choses à faire.

« Je ne sais pas pourquoi je viens de vous dire tout ça. J'imagine qu'il fallait que ça sorte. Enfin, vous pouvez oublier tout ça. Vous devez avoir des tâches à faire. Allez-y, je vais pouvoir remédier à la situation d'une façon ou d'une autre... » elle marqua une légère pause, presque imperceptible avant de reprendre tout bas, presque inaudible « éventuellement. »

[Ann'dra Kal'enedral]

Le kal’enedral écouta Kah’tira avec attention, prêtant l’oreille aux intonations conscientes ou non afin de réussir à déterminer ce qui lui paraissait si « étrange » chez elle mais sans parvenir à mettre le doigt dessus. Elle semblait plutôt heureuse d’être ici en tout cas, c’était une bonne chose. Il n’était pas toujours évident pour un shin’a’in quel qu’il soit de vivre hors des Plaines, mais si telle était sa volonté, alors tout était pour le mieux et l’emploi d’ambassadrice pourrait certainement lui apporter beaucoup d‘expériences et tout expérience était bonne à prendre selon Ann’dra.

Toutefois, la nostalgie se détachait nettement dans les paroles de la jeune femme, mais après tout, quoi de plus normal ? Lui-même avait eu quelques difficultés à s’acclimater avec ces contrées, quant à intégrer tout ce qui était nécessaire pour y vivre, ç’avait presque été une torture pour l’homme haineux qu’il était alors.

*Bien que ma haine soit toujours présente…..*

Lorsque la jeune shin’a’in en vint à parler de Liha’irden, l’attention du kal’enedral redouble bien évidemment, mais malheureusement, les nouvelles n’était en grande quantités. Enfin, elle n’y était pour rien après tout mais en revanche, il fut surpris d’entendre un nom qu’il en connaissait pas. Verna ? Qui cela pouvait-il être ?

« Pardonne moi mais qui est Verna ? Je sais bien que je ne vis plus dans les plaines mais tout de même, cela ne fait qu’un peu plus d’un an que je suis parti et je m’étonne de ne pas reconnaître ce nom…. »

Ann’dra regarda avec surprise son interlocutrice se mettre à danser d’un pied sur l’autre, il semblait qu’elle ne s’en apercevait même pas, voilà qui pourrait être gênant dans ses futures fonctions si elle n’y prenait pas garde….

« Je pourrais t’aider à améliorer ton valdemarien si tu le souhaite, ça ne me pose pas réellement de problème, rares sont les mots que je ne connais pas désormais, je pense m’en sortir plutôt bien. »

La jeune femme semblait quelque peu perdue dans tous ces codes de couleurs et autres. Une fois de plus, pourquoi ne l’aurait-il pas aidée ? Après tout, bien que l’enseignement n’ait jamais été sa vocation, le destin - ou Kal’enel – S’était arrangé pour qu’il enseigne qu’il le veuille ou pas puisqu’il avait désormais trois élèves dans le combat ainsi qu’un très jeune assistant qui s’occupait de ses armes.

« Pour ce qui est des codes de politesse tant que tu sais dire « bonjour »  et « au revoir », ce devrait être suffisant, la plupart des valdemariens savent être indulgent envers les peuples étrangers. Pour ce qui est des rangs, il est vrai que cela peu s’avérer complexe. Les « Bleus » sont en fait pour la plupart des nobles qui viennent apprendre au collégium. Les bardes sont vêtus de pourpre et leurs étudiants de marron et enfin, les guérisseurs sont vêtus de vert et leurs étudiants de vert pâle. Je ne vois pas trop quoi ajouter d’autre, mais si je venais à oublier quelque chose, je suis bien certain que tu finirais par trouver la réponse facilement. »

La shin’a’in vint enfin à parler de Darea, quoi de surprenant ? L’ancienne chamane était elle-même une ambassadrice Ann’dra supposait que les troubles qu’elle avait subit avaient dû faire le tour des clans….

« Comme tu t’en doute, je ne peux pas me permettre de t’expliquer tout ce qu’il s‘est passé car je pense qu’il appartient à Darea d’en faire part à qui elle veut si tel est son souhait. Elle souffre suffisamment de cette situation sans que les gens en rajoutent. La seule chose que je peux te dire est que je suis plus ou moins directement responsable de cette situation, à la demande de notre Déesse bien sûr. Par conséquent, il ne serait pas forcément recommandé de lui parler de moi pour le moment. Elle a du mal à accepter que j’ai toujours mon vysaka contrairement à elle et je ne peux pas dire que je ne la comprends pas. »

Le regard d’Ann’dra se perdit un instant dans le vide, repassant les évènements qui avaient conduit à cette terrible chose. L’épée qui avait tranché le line de Darea avec Kal’enel reposait sur le dos du kal’enedral et pour une fois, elle lui semblait extrêmement lourde. Lourde de culpabilité peut-être, même si en fait, il n’y était pour rien, même s’il ‘avait sauvé la vie de la chamane. Il avait tout de même rompu son vysaka volontairement.

« Enfin, je pense tout de même que te rencontrer lui ferait du bien, et elle aurait certainement beaucoup à t’apprendre dans la fonction d’ambassadrice. »

Un léger sourire, bien qu’un peu forcé, revint sur les lèvres de l’homme.

« Si tu le souhaites, je pourrais bien trouver à t’occuper. Comme tu le sais, ma tenue n’est pas noire pour rien et j’aurais besoin de quelqu’un pour m’aider dans mes recherches. Ce ne serait pas grand-chose en vérité, simplement de rechercher des informations sur un type de magie particulier. Si ça t’intéresse bien sûr, tu n’y es pas forcée. »

Effectivement, une aide ne serait pas superflue car Ann’dra finissait par se perdre dans ses recherches, épluchant chaque livre de la bibliothèque traitant de magie sans pour autant parvenir à obtenir les réponses à ses questions.

[Kah'tira]

[Brun = shin'a'in] [Orange = valdemarien]

Kah'tira remarqua que le Kal'enedral l'écoutait avec beaucoup d'attention, beaucoup plus que ce à quoi elle se serait attendue de la part d'une personne aussi haut placé que lui. Après tout, elle n'était qu'une petite nouvelle à Haven qui ne parlait pas la langue et ne comprenait pas grand chose à comment les choses se passaient ici. Elle n'avait pas encore de tâche importante et encore une position. Enfin, sa concentration sembla grandir exponentiellement lorsqu'elle lui parla de son clan, une étincelle dans ses yeux, un léger mouvement de sourcil et juste un imperceptible changement de position. Peut-être était-il seulement réellement intéressé à tout ce qu'elle avait à dire.

« Verna? En fait, même si vous êtes du même clan, je crois que ça ne m'étonne pas tant que ça que vous ne la replaciez pas. Elle est plutôt introvertie, timide et incroyablement discrète. » La jeune shin'a'in eut un petit rire avant de poursuivre. « En fait, en y pensant, je crois que même beaucoup de personne dans la caravane aurait de la difficulté à la replacer ou se rappeler de son nom même si nous avons passé quatre mois tous ensemble, elle n'aime vraiment pas l'attention, ni se faire remarquer. Ça m'a pris pas mal de temps et d'ingéniosité pour la faire sortir de sous sa petite carapace. »

Maintenant, Kah'tira comprenait pourquoi elle s'était autant acharnée pour faire sortir son amie de son cocon de solitude au début du voyage. La Liha'irden, bien qu'extrêmement discrète, était plutôt jolie et la Vuysher'edras l'avait remarquée assez rapidement, bien que ce ne fut que plus tard qu'elle comprit exactement pourquoi, mais Verna n'était pas she'chorne. Dommage. À ses pensées et ses paroles, la shin'a'in sentit une petite chaleur montée et teintée ses joues d'un léger rouge avant qu'elle ne se reprenne et retourne à la conversation.

« Toute aide pour améliorer ma maîtrise de cette langue serait la bienvenue... mais je vous averti, je ne suis vraiment pas douée, malgré le fait que pendant quatre mois on ait essayé de m'apprendre au moins les bases je n'ai retenu que Oui, Non et Je suis Kah'tira heu... » les sourcils de la jeune fille se froncèrent alors qu'elle essayait de se rappeler des mots valdemariens. Elle avait de la difficulté à prononcer les mots étrangers et ses derniers étaient prononcé avec un lourd accent shin'a'in « ...de le clan... de... père? ...vuysher. Je ne me souviens même plus comment traduire le nom de mon clan. » finit-elle en riant et ponctuant ses mots d'une grimace de défaite.

La shin'a'in n'avait aucun problème à avouer son incompétence à apprendre la langue étrangère. On lui avait appris le Tale'edras quand elle était petite et même là, ses professeurs avaient presque perdu tout leur cheveux à force de se les arracher pour tenter de lui inculquer le langage du peuple cousin. Ils avaient réussi... enfin, elle pouvait parler du beau et du mauvais temps, mais dès que les sujets devenaient sérieux, on venait de la perdre. Celle aux yeux étoilées ne lui avait pas accordé la capacité d'apprendre facilement des langues, alors Kah'tira apprenait comme elle le pouvait en faisant de son mieux qui semblait bien souvent ne pas être assez.

« D'accord... Donc simplement dire les politesses de bienvenue et de départ. »

*Des politesses dont j'ignore les mots en valdemarien... je suis un cas désespéré, que la Déesse me viennent en aide!*

« Alors le bleu c'est surtout des étudiants nobles, pourpre et marron bardes et vert les guérisseurs. C'est... plutôt simple, je crois. » son expression était devenue pensive pendant qu'elle assimilait l'information. « Les blancs sont les hérauts et les gris les apprentis hérauts j'imagine. » Il n'avait pas mentionné les gris, mais elle n'était tout de même pas stupide et comme les étudiants étaient toujours d'une couleur relié à celle de leur comparse qui avait terminé leur formation, ça devenait évident, surtout qu'elle avait vu quelques gris en compagnie de Compagnon.

Ann'dra vint à parler de Darea, mais Kah'tira pouvait bien voir, même sans ses paroles, qu'il ne voulait pas vraiment en parlé. Son ton, quelques légers changements dans son expression – il se contrôlait plutôt bien – indiquait qu'il ne désirait vraiment pas aborder le sujet et avec ce qu'il lui appris, la jeune fille comprenait parfaitement. Pourtant, il n'aurait pas été obligé d'en parler, elle n'avait rien demandé... ou peut-être que si, indirectement en y repensant.

« M'oui... Je devrais évidement aller la rencontrer, mais j'ignore tout de même comment agir avec elle. » Son ton était désolé autant pour elle-même que pour l'ambassadrice. Kah'tira s'aurait peut-être risquée à demander à Ann'dra de l'aider, mais après ses paroles, c'était hors de question.

À son petit sourire serré, Kah'tira comprit qu'il n'était pas très à l'aise présentement... Par exemple, elle n'était pas certaine si c'était en lien avec ce qu'il avait précédemment ou ce qui suivait. L'aider dans ses recherches? Des recherches sur la magie?! Cela poussa Kah'tira à se retirer dans ses réflexions un moment tout en se mordillant la lèvre inférieure, un signe de concentration. La magie n'était pas un sujet très apprécié parmi les shin'a'ins et la vuysher'edras ni connaissait vraiment, elle acceptait simplement la magie des chamans et celle de la Déesse comme elle était et venait. Un simple acte de foi en son peuple et sa Déesse. En y pensant, elle ressentit cette chaleur paisible et réconfortante qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle pensait à Celle aux yeux étoilés, c'était un signe de son attachement et sa foi. De l'extérieur, pendant un bref moment, on pouvait voir son sourire devenir paisible et ses yeux refléter un lueur d'attachement avant qu'elle ne redevienne pensive. Ann'dra était quand même un frère shin'a'in et il avait vécu des situations difficiles pour devenir Kal'enedral, Kah'tira pouvait bien l'aider et en fait, malgré son malaise face à tout ce qui se rapprochait de la magie autre que celle de la Déesse, sa curiosité poussait presque les mots hors de sa bouche. Il n'y avait qu'un inconvénient à tout ça.

« Ça me ferait plaisir de vous aider, mais... à moins qu'il n'y ait des livres écrits en shin'a'in à Haven, je ne crois pas que je pourrais vous être d'une grande utilité présentement. » Son ton était quelque peu rieur, de même que ses yeux, elle trouvait la situation comique. Que le Kal'enedral n'ait pas pensé à ce détail avant de lui demander de l'aide la faisait rire, elle ne pourrait pas l'aider tant qu'elle ne connaîtrait pas la langue locale, sauf s'il y avait réellement des livres transcris en shin'a'in, ce qui l'étonnerait fortement.

Elle replaça une mèche de cheveux qui lui était tombé devant les yeux puis leva les yeux vers le ciel en arrêtant finalement de se balancer d'un pied à l'autre. Sa présence ici à Haven deviendrait sûrement fort intéressante. Il y avait tant à découvrir, mais les choses devraient se faire par étape et son désir de tout savoir la rendait parfois impatiente. Une étape à la fois. La première de toute devrait sûrement être d'aller voir Darea et se présenter et ensuite commencer son apprentissage du valdemarien...

« Est ce que vous auriez des conseils à me donner avant d'aller parler avec l'ambassadrice? Je sais que je ne devrais pas aborder le sujet de sa... situation particulière... avant qu'elle ne le fasse elle-même, mais comment je devrais l'aborder? Elle est quel genre de personne? Sérieuse? Calme? Est ce que ça serait une bonne idée d'aller la voir bientôt ou devrais-je attendre? Où est ce que je peux la trouver? Est ce qu'elle est avec des guérisseurs ou dans sa chambre? Est ce que tu pourrais m'indiquer le chemin vers l'un ou l'autre? »

Et voilà qu'elle était repartie, ses pensées étaient partie dans un sens et sa curiosité avait fait suivre sa bouche en même temps de ramener son regard sur son interlocuteur. Cette fois-ci, même si ses yeux pétillaient de sa soif de savoir, sa voix gardait un ton un peu plus sérieux à travers son apparente jovialité. Elle ne voulait pas troubler l'ambiance non plus.

[Ann'dra Kal'enedral]

L’explication de Kah’tira convient au kal’enedral. En effet si la nommée Verna était si discrète que le laissait entendre la jeune shin’a’in, il n’était guère surprenant qu’il ne la connaisse pas, passant la plus grande partie de son temps entre sa femme, la chasse et la surveillance des Plaines.

Ann’dra haussa un sourcil lorsque les joues de la jeune femme se mirent à rosir, ce ne pouvait pourtant pas être dû à sa présence, une shin’a’in n’aurait jamais eu ce genre de pensées envers un kal’enedral. Quelles que soient les dites pensées. Mais enfin, ce n’était pas là de grande importance.

Le shin’a’in sourit devant le valdemarien très approximatif de sa sœur de clan, ce n’était pas vraiment pour se moquer, mais il était difficile de rester sérieux alors qu’un accent à couper au couteau déformait les mots les plus simples de la langue valdemarienne.

« Vuysher'edras, cela se prononce frères du loup » Dit le kal’enedral, articulant les syllabes au mieux pour que Kah’tira puisse plus facilement recopier ses sons.

La jeune femme semblait avoir comprit tout ce que le kal’enedral lui avait expliqué jusqu’ici, au moins n’avait elle pas une mauvaise capacité de compréhension. Apprendre les langues ne serait probablement qu’une question de déclic chez elle.

Par la suite, elle dut avouer ne toujours pas savoir comment agir face à Darea, mais à cela, l’homme en noir ne pouvait répondre qu’une seule chose.

« Reste toi-même tout simplement, c’est le mieux face à elle, elle n’est certes plus chamane, mais elle n'a rien perdu en sagesse ou en perspicacité. »

Comment un kal’enedral pouvait-il une fois de plus être ainsi pris en défaut par une jeune femme, c’était inexplicable mais pourtant…. Il n’avait même pas pensé qu’elle ne pourrait pas l’aider si facilement à cause de la barrière du langage.

« Oh ! Je suis vraiment idiot par moments ! Je n’y avais même pas pensé. » Dit-il dans un regard d’excuse.

« Eh bien ! Aucune importance, tu fera ce que tu pourras, je te proposerais bien de venir t’entraîner au maniement des armes, mais cela ne fait pas vraiment partie de tes futures fonctions. Tant pis ! »

Un sourire sur son visage montrait que le kal’enedral n’accordait aucune importance à ce petit « soucis »

« Je pense que tu pourra trouver Darea dans ses appartements et tu es précisément dans l’aile où ils se trouvent. Je peux t’y conduire si tu le souhaite. »

[Kah'tira]

[Désolé du retard, l'ordi de mon frère à rendu l'âme et il a utilisé le mien toute la journée hier... Et c'est un peu plus court que d'habitude, manque de temps avec la famille et tout et tout.]

Quand l'homme devant elle avoua qu'il n'avait pas pensé qu'elle pourrait difficilement l'aider tant qu'elle ne connaîtrait pas la langue locale, ce fut à son tour de sourire comme Ann'dra avait sourit à son mauvais valdemarien. Sans méchanceté et sans moquerie. Après tout, bien que le Kal'enedral soit béni par la Déesse et bien plus près d'elle que Kah'tira n'osait même l'espérer, elle se rendait bien compte tranquillement qu'il était tout simplement comme elle. La jeune shin'a'in n'avait pas vraiment à se sentir intimidée ou mal à l'aise en sa présence.

Puis elle devint pensive... Aller voir Darea? La réponse d'Ann'dra sur le comportement à adopter face à l'ancienne chamane, en fait, Kah'tira y était un peu parvenue par elle-même, mais probablement qu'elle n'avait simplement pas voulu se l'avouer, parce qu'elle ne sentait pas à l'aise d'aller la voir. Enfin. Les choses se déroulerait tout simplement selon la volonté de Celle aux yeux étoilés. Kah'tira ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle appréhendait beaucoup le moment de la rencontre avec la femme qui serait son mentor... Et si elles ne s'entendaient pas bien? Si la vuysher'edras ne plaisait pas à l'ambassadrice? Et si... Et si... Bon, il y avait plus que la situation de la Tale'sedrin qui la retenait et un shin'a'in ne devrait pas être ainsi effrayé d'en rencontrer un autre. La Déesse désirait que son peuple soit fort, sage et débrouillard. C'est pour cela qu'elle ne leur venait réellement en aide que lorsqu'ils avaient tout essayé, qu'ils avaient été aux bouts de leur force. À cette pensée, Kah'tira reprit des forces et du courage.

« Hum... Oui, je pourrais aller à sa rencontre. » dit-elle gaiement cachant ainsi tous ses troubles intérieurs. « Par contre, peut-être pourriez-vous simplement m'indiquer le chemin? Vous devez avoir autre chose à faire après tout et j'ai amplement pris de votre temps. Hum... Aussi... avec ce que vous m'avez dit plus tôt, je ne crois pas que Darea soit heureuse de vous voir ou encore que vous ailliez de la voir si tôt, n'est ce pas? Si vous m'indiquez le chemin je devrais pouvoir me retrouver. »

*Je crois* ajouta-t-elle pour elle-même.

La jeune shin'a'in considérait qu'elle avait une plutôt bonne mémoire, sauf pour ce qui était de retenir les langues. Bien sûr, elle oubliait des choses, mais lorsque que ce n'était qu'à court terme, elle pouvait facilement se souvenir de la majorité des détails.

[Héraut Arthon]

Deux jeunes femmes passèrent la porte, discutant doucement en shin'a'hin, les yeux brillants et un tas de couvertures brodées dans les bras. Elles s'arrêtèrent net en voyant Kah'tira et surtout Ann'dra.

" Désolée... Nous ne voulions pas déranger..." souffla l'une d'elle respectueusement envers le Kal'enedral.

L'autre sourit à Kah'tira et désigna du menton leur chargement:

" Nous venons changer les couvertures pour les nouveaux arrivants. Un peu de couleurs de chez nous ne peut pas leur faire de mal."

[Ann'dra, tu connais la plus jeune des deux filles: elle aide parfois Darea, la servant avec respect et amour, surtout depuis son "accident". Son amie tu l'as déjà apperçue mais tu ne te rappelle pas son prenom. (l'autre tu peux choisir son prenom).
Kah'tira, entendre ta langue dans la bouche de jeunes femmes à peine plus vieilles que toi te fait du bien ]

[Ann'dra Kal'enedral]

Ann’dra allait indiquer le chemin à prendre à Kah’tira lorsque deux jeunes femmes déboulèrent d’une porte, discutant sans soucis…. En shin’a’in ! Il semblait par ce qu’elles portaient dans leurs bras qu’il s‘agissait là de domestiques, enfin, considérées comme telle par les habitants de Haven, ce type de caste n’existant pas dans les Plaines.

L’une des deux femmes, Radeta, était connue du kal’enedral car elle restait toujours près de la chamane ambassadrice pour la soutenir dans cette épreuve et l’aider du mieux qu’elle pouvait ce qui était plus que digne de respect. Elle était déjà là avec Darea avant le drame ce qui permit à Ann’dra de la rencontrer. Sa « collègue » en revanche, il ne l’avait qu’entraperçue par hasard mais il ne la connaissait pas.

« Vous ne nous dérangez aucunement jeunes dames. Comment allez-vous ? »  Puis se tournant vers Radeta. « Et Darea ? Quelles nouvelles ? »

Demander cela à la jeune femme était le meilleur moyen pour le shin’a’in d’avoir des nouvelles de l’état de son amie.

« Oui, il est certain que des couleurs un peu plus vives ne peuvent que faire du bien sur le mental, même si ma tenue ne me prédispose pas réellement à dire ce genre de choses. »

Le kal’enedral désigna de la main ses vêtements aussi noirs que la nuit la plus sombre en riant à demi.

Etait-il bête ? Il avait complètement oublié que Kah’tira devait se sentir un peu à l’écart, mais il n’était pas trop tard pour arranger cela.

« Kah’tira, je vous présente Radeta qui sert et soutien Darea. » puis se tournant vers Radeta.

« Radeta, voici Kah’tira, jeune shin’a’in fraîchement arrivée à Haven, mais je pense qu’elle peut se présenter d’elle-même »

Ne restait que la deuxième « domestique.»

«Je me présente puisque nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous connaître, je me nomme Ann’dra shena Liha’irden. »

[Kah'tira]

[Désolé, pour plusieurs raisons personnelles et internet qui buggait, j'ai pas pu passer, ni vraiment prévenir, mais je suis de retour. Encore désolé.]

L'oreille fine de Kah'tira avait déjà capté les sons des jeunes femmes quelques instants avant qu'elles ne franchissent la porte, encore très peu habituée à toutes les nouveautés qu'était Valdemar, elle prêtait attention à beaucoup plus de choses qu'elle ne le ferait sur les Plaines. Les deux nouvelles venues passèrent la porte, parlant shin'a'in. Presque imperceptible, une légère vague de soulagement rafraîchit un peu l'esprit tendue de la jeune vuysher'edras et fit élargir quelque peu son sourire. Il n'y avait pas tellement de filles du Peuple des Plaines ici, à Haven. Encore moins des filles près son âge à elle. Voir et entendre des choses si familières soulageait son esprit à vif de toutes les nouveautés du pays.

Kah'tira s'apprêtait à répondre lorsque Ann'dra la devança. Patiemment, elle ne fit que sourire et écouta, cherchant si elle pouvait déceler des bribes d'informations pertinente, elle ne s'attendait pas à grand chose, toutefois, grâce aux questions du kal'enedral, la shin'a'in devina que la plus jeune des deux devait être en contact avec Darea. Kah'tira laissa la conversation avancer sans oser s'y introduire. Par contre, cela lui laissa l'occasion de détailler les deux nouvelles interlocutrices d'un oeil apporobateur.

Elle aimait beaucoup ce qu'elle voyait dans la capital, en terme de jeunes filles, mais l'exotisme était un peu trop présent à son goût et des vues familières lui faisaient bien plus plaisir. Bien sûr, elle savait que les she'chornes étaient plutôt rares et, en plus, elle ne savait pas encore ce qu'en pensait les gens à Valdemar. Donc, elle ne s'essaierait pas avant d'être sur des terrains sécuritaires, mais, rien ne l'empêchait de se régaler en regardant, non?

Lorsque Ann'dra prononça son nom, elle remonta rapidement son regard baladeur vers les visages de ses multiples interlocuteurs. Souriante et en bonne diplomate, elle ne laissa rien paraître des pensées qui lui avait traversé la tête moins d'un instant auparavant. Un sourire charmeur sur les lèvres et les yeux pétillants, elle se présenta.

« Enchantée, Radeta. N'ae Kah'tira shena Vuysher'edras et comme l'a dit Ann'dra, je suis arrivée ici avec la dernière caravane, il y a donc très peu de temps. »

Elle ponctua ses paroles, adressées aux deux inconnues, par un signe de tête amical. Ensuite Ann'dra se présenta à la deuxième fille avec les couvertes. Apparement, à part Radeta, personne ne la connaissait.

[Héraut Arthon]

Radeta eut un large sourire pour Anndra quand elle comprit qu'il l'avait reconnue. A ses yeux c'était un honneur de servir Darea, mais encore plus de savoir qu'on la connaissait. Qu'un Kal'enedral voyait cet honneur et le reconnaissait. Pour une jeune fille, l'honneur de son clan comptait plus que tout, et elle honorait son clan en faisant son devoir.
Devoir qui était aussi un plaisir chez elle, car elle admirait grandement Daréa et se sentait parfois plus proche d'elle que de sa propre mère.

" Il n'y a guère de changement. Il est dur de perdre sa raison de vivre, surtout en de tels moments. Mais la Déesse doit avoir ses raisons, c'est ce que dit Daréa. Nous verrons..." soupira Radeta, moins joyeuse avant de hocher la tête: "Un peu de couleur l'aidera, j'espère. Emelia va m'aider à les disposer correctement dans les appartements." finit-elle d'expliquer.

Puis le Kal'enedral présenta la jeune femme à l'inconnue. Radeta était formée pour repérer les choses et le regard de la jeune arrivée ne lui échappa pas. Cependant, elle ne dit rien et sourit largement lors de la présentation:

"Enchantée aussi. Et voici Emelia shena Pretera'sedrin. Elle vient d'arriver il y a peu aussi. Elle ne parle pas beaucoup valdemarien, je lui apprends."

La concernée sourit et salua d'une petite voix. Elle jetait de fréquents coups d'oeil admiratifs à Ann'dra.

[Ann'dra Kal'enedral]

[justify:3kdrouj6]Il était très agréable pour le kal'enedral et, il le supposait, pour les autres aussi,d 'être ainsi entouré de shin'a'in, n'eut-ils été dans une bâtisse qu'ils eussent pu se croire revenus dans les Plaines. C'était vraiment un soulagement de savoir ne pas être le seul membre de sa race parmi tous les hors-clan, même pour un Promis.

Ann'dra écouta avec attention ce que disait Radeta sur l'état de son amie et il comprit qu'elle allait un peu mieux lorsque la jeune femme lui dit que Darea pensait que Kal'enel avait ses raisons. Au moins ne se centraient-elle plus sur son désarroi, ou du moins, c'est ce qu'elle laissait entendre.

"Le temps fera son office, j'espère qu'un jour elle me pardonnera."

Ah ! Voici donc le prénom de la deuxième "servante", c'était plutôt joli comme prénom et Ann'dra de par son statut pouvait se permettre de faire des compliments sans risques, donc, pourquoi ne pas en faire?

"Enchanté Emelia, c'est un joli prénom que tu as là."

Bien entendu, il avait dit cela en shin'a'in puisque Radeta avait fait savoir qu'elle ne parlait que peu le valdemarien. La jeune femme semblait admirer Ann'dra mais celui-ci ne releva pas, c'était chose courante la plupart du temps d'être un peu impressionné par un Promis, que ce soit à la Guerrière ou à la Commère.

"Et bien ! Je dois bien admettre que je suis heureux d'être entouré de shin'a'in, à plus forte raison de personnes d'aussi plaisante compagnie."

Un peu de bonne humeur, ça faisait du bien parfois, ça changeait de vengeance, sang, vengeance, sang, vengeance, sang....bref ![/justify:3kdrouj6]