Matisa n'avait jamais vu un tel rassemblement de malades. Ça toussait ici et là, certains déliraient et criaient, d'autre pleuraient, dans tout ce raffut, il en était qui parvenaient à dormir, elle se demandait bien par quel miracle, sans doute les bardes y étaient-ils pour quelque chose.
Elle s'assit à côté de l'enfant et se pencha sur lui. Son souffle était irrégulier, et ses poumons crépitaient. Elle regarda Oesope qui s'éloignait et ne lui prêtait plus attention. Bien, elle allait pouvoir faire quelque chose, pas question de lui éponger le front sans rien faire.
Elle prit le verre et renifla son contenu. Pas moyen d'identifier quoi que ce soit, elle soupira, toujours autant incapable avec les potions...
Elle se pencha pour fouiller dans son sac, en sortir son bol et son pilon et ouvrit plusieurs bocaux. Elle saisit une feuille qu'elle mit dans sa bouche et la mâcha avec application, ouvrit une boîte prit pincée de feuilles et referma immédiatement. Elle les mit dans son bol, ajouta quelques gouttes d'eau et broya. L'odeur lui parvint aux narines, lui faisant monter les larmes aux yeux. Lorsque les feuilles dans son bol ne formèrent plus qu'une pâte elle cracha ce qu'elle avait dans la bouche et mélangea, ajouta un peu d'eau puis posa le bol par terre.
Le petit garçon gémit et se tourna. Elle saisit le linge dans le seau et le passa doucement sur son visage en chuchotant.
"Doucement... tu ne crains rien..."
Elle continua à l'éponger un moment, puis elle se tourna à nouveau vers sa besace, y prit un gobelet piocha une feuille dans deux bocaux et entreprit de les broyer de la même manière. Lorsqu'elle eut finit, elle prit la pâte sur le bout de ses doigts et la badigeonna sur et sous la langue du petit garçon, lui tenant la mâchoire avec l'autre main pour ne pas se faire mordre. Lorsque toute la pâte fut dans la bouche du garçon, elle s'essuya les mains sur le tablier, dénuda le torse de l'enfant et attrapa son bol. Elle mélangea avec le bout des doigts avant d'en saisir une partie et de l'étaler sur son torse, en massant doucement la peau pour que le remède pénètre bien. Elle ajouta ensuite, d'un doigt, une touche devant chaque narine. Enfin, elle posa le bol sur la table et rangea le reste dans sa besace.
Elle souffla en regardant d'un air protecteur l'enfant fiévreux. Il fallait attendre maintenant.